Explorer les possibles et changer de vie grâce à l’improvisation théâtrale !
A 26 ans je m’inscris à un cours d’improvisation théâtrale. Objectif : prendre confiance en moi, notamment lors de prises de paroles en public. C’est une révélation ! Si j’ai en effet appris à être plus à l’aise face à une audience, cette pratique m’a surtout ouvert les yeux sur la vie. Car improviser, c’est accepter qu’on ne maîtrise pas tout. C’est oser sortir de sa zone de confort, expérimenter des choses nouvelles, s’adapter, échouer et rebondir…
Et finalement, n’est-ce pas ça la vie ? Ou du moins, celle qu’on devrait s’autoriser à vivre ?
Vue de cette manière, l’improvisation théâtrale est un formidable outil de développement personnel. Et davantage encore quand on aspire à changer de vie.
Dans ce nouvel épisode de podcast, je suis ravie de recevoir Clémence Aurore.
Si Clémence était un objet, elle serait une casquette. Ou plutôt, une multitude de casquettes !
Coach en reconversion professionnelle, formatrice, metteuse en scène au théâtre… tout ça après 10 ans de gestion de projet dans des établissements bancaires et cabinets de conseil. Aujourd’hui, Clémence accompagne les individus pour leur donner envie de créer leur propre histoire.
En un mot : d’oser !
Quels parallèles entre nos désirs de changement et l’improvisation théâtrale ? Comment Clémence utilise-t ‘elle sa casquette de comédienne pour aider ses coachés dans leur transition professionnelle ? A quelles ressources l’impro nous permet-elle d’accéder ? Quel lien avec l’écologie ?
Autant de questions que nous aborderons dans cet épisode !
Bonne écoute – et les points clefs ci-dessous !
L’improvisation théâtrale pour se (re)mettre en mouvement
As-tu déjà remarqué notre facilité à rejeter, poliment certes, les propositions qui nous sont faites ?
– Et si tu tentais de renouer contact avec untelle ? Elle pourrait peut-être t’aider ?…
– Oui, c’est une bonne idée, mais elle doit sûrement être très occupée…
Et plouf, voilà une opportunité qui tombe à l’eau. Nos peurs prennent vite le dessus dès lors que nous avançons dans l’inconnu. Or, si l’on faisait la même chose en impro, celle-ci aurait à peine débuter que ce serait déjà la fin : ‘Il était une fois, ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants !’
L’un des piliers de l’improvisation théâtrale est donc d’accueillir ce qui se présente à nous. Il s’agit donc de troquer le « Oui, mais… » pour un « Oui, ET… »
Quand Clémence coache des personnes qui ont un projet de reconversion, elle s’appuie aussi sur ce ‘Oui, et…’ C’est une manière de débrider la créativité de ses coachés pour qu’ils puissent imaginer les alternatives possibles.
« Très souvent, les gens qui veulent changer de métier se disent : ‘Oui, mais si je change, je vais être à nouveau débutant.e dans un nouveau métier et donc je vais perdre de l’argent. Et là, mon boulot à moi, c’est de leur dire : ‘Et si on faisait du « et » ? Si on imaginait que vous gagnez la même chose, peut- être même plus, et que vous changez de travail, ce serait quoi le chemin ? Vous vous sentiriez comment ? Vous auriez envie de faire les choses comment ?’ Ça ne veut pas dire que les choses vont se dérouléesr comme ça. Mais ça ouvre une case « Créativité » plutôt que celle du « Je me bride, parce que de toute façon, ce n’est pas possible ! »
Le ‘Oui, et…’ implique aussi de se mettre en mouvement et de faire un 1er pas. Sortir de son mental pour agir et ajuster.
Car notre mental est très doué pour s’inventer des histoires et décider de leur déroulé :
Dans ma transition professionnelle, si je veux tout faire dans ma tête avant d’être en piste, j’ai toutes les chances de me tromper ! Je vais décider toute seule du ‘Ça marche, ça marche pas’, et supposer ce que les gens vont en penser […]
Ainsi, notre mental prend le contrôle en cherchant des solutions puisées dans d’expériences passées pour en faire des projections sur l’avenir.
L’improvisation théâtrale pour se reconnecter à sa créativité
La première source de créativité, c’est d’arrêter de chercher à créer juste depuis notre cerveau, mais de relier le cerveau, les émotions et le corps.
Quand on improvise, les mots ont leur place. Mais on se laisse aussi guider par ce que notre corps a envie de dire, par les émotions qui nous traversent. La créativité nait aussi de nos ressentis !
Le tiercé gagnant : tête, corps, coeur !
« Et ça, c’est [aussi] une vraie boussole pour nos choix professionnels. Se dire ‘OK, j’arrête de tout décider en fonction de mon seul cerveau, mais je regarde ce que ça me fait émotionnellement et dans le corps et ça me donne des nouvelles pistes. ‘ Et peut- être qu’il y a un truc qui, dans mon corps, me détend.
Aborder le changement plus sereinement grâce à l’improvisation théâtrale
En improvisation comme dans la vie, c’est une brique à la fois !
L’improvisation, ça fait peur. La perspective d’être jetée sur scène et d’avoir à raconter une histoire devant tout le monde ! Mais c’est oublier qu’une histoire, ça se construit progressivement. Ça commence généralement par un ‘Bonjour !’ auquel on va ajouter une brique, puis une autre, et ainsi de suite. Le tout étant d’être ouvert aux briques qui nous sont tendues – le fameux ‘Oui, et…’ Sans oublier le non et le para verbal qui contribuent à l’intrigue.
Il en est de même quand on veut évoluer dans un domaine de vie. Car changer, ça fait aussi peur !
Le tort qu’on a, c’est d’imaginer un avant et un après avec aucune transition.
« On n’est jamais obligé d’aller trop vite et chacun son modèle de succès aussi. Il y a des gens qui sont très forts et disent ‘Je largue les amarres, je change tout et je vais y arriver parce que c’est comme ça que j’ai fait toutes mes transitions’ – et c’est super. Mais si vous vous êtes meilleur dans les petits pas, dans le ‘Je m’habitue à la température et puis on verra après si je recule ou si je vais ailleurs’, ça marche aussi ! »
Bien s’entourer
Quand on se lance dans une impro, on est rarement seule sur scène : on co-créée une histoire avec ses partenaires de jeu. Le groupe est solidaire ; c’est un vrai filet de sécurité !
Il en est de même pour les transitions de vie : nous ne sommes jamais seules. Il existe forcément des personnes qui sont déjà passées par là, des groupes de soutien, des organismes d’accompagnement… Le tout est de trouver chaussure à son pied.
S’entourer permet aussi d’ouvrir ses réflexions à d’autres idées et donc de faire grandir son projet. Comme en impro !
« Donc mon idée va peut- être s’ajouter à ton idée. Ça sera encore plus bizarre, mais au moins, je n’aurai pas besoin de trouver toutes les bonnes idées, de m’appuyer que sur moi et mon mental, et je vais pouvoir trouver un chemin qui ne sera peut- être ni le tien ni le mien, mais qui sera plus créatif, plus inventif […] Beaucoup de choses se co-construisent dans la vie et on les co-construit mieux si on sait bien entourer. »
Toute la puissance de l’intelligence collective !
J’sors de la matrice grâce à l’improvisation théâtrale !
Ce podcast s’appelle J’sors de la matrice ! Et comme dans le film, je me suis mise dans la peau de Morpheus, quand il demande à Neo de choisir entre la pilule rouge et la bleue :
- Bleue, pour continuer à vivre comme avant et ne rien changer.
- Rouge, avoir le courage de la vérité et se lancer face à son destin
Face à l’improvisation théâtrale, quelle est la pilule bleue de Clémence ?
La pilule bleue, c’est pour moi cette idée de confort dans le statut quo.
« Une envie de sécurité qui vient étouffer l’aventurier, le créateur que nous sommes aussi. »
Et la pilule rouge ?
La pilule rouge, c’est la découverte. C’est un peu la pression de devoir inventer un monde différent. Mais quel honneur en même temps, quelle chance de pouvoir inventer des choses nouvelles !
« Oser la nouveauté, oser l’imprévu, oser l’impro, … Mais finalement, je pense qu’on a tous en nous les ressources pour improviser, surtout si on a une bonne équipe »