L’écologaï : quand l’écologie devient une philosophie de vie

Laetitia Blondel auprès d'un kangourou, en Australie

Quand j’ai lancé Bee BadaBloom, j’étais convaincue qu’on pouvait concilier bien-être et écologie. En rencontrant Laëtitia Blondel, fondatrice de Vers un Coin de Paradis, elle m’invite à aller un cran plus loin et à considérer l’écologie comme une philosophie de vie. C’est ce qu’elle a appelé l’écologaï.

Auparavant cadre dans l’industrie, Laëtitia accompagne aujourd’hui les femmes qui souhaitent s’engager dans un mode de vie écologique sans alourdir leur charge mentale ou leur emploi du temps.

Dans cet entretien, elle nous raconte son cheminement et nous explique comment l’écologaï peut devenir le moteur d’une vie alignée et riche de sens.

Bonjour Laëtitia ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour Pauline !

Je m’appelle Laëtitia Blondel, j’ai 44 ans, je suis mariée et maman de 2 jolies jeunes filles de 14 et 16 ans.

Après 20 ans dans l’industrie, j’ai décidé de m’investir dans ce qui faisait profondément sens pour moi : prendre soin de moi, des autres et de la Planète.

Génial ! Qu’est-ce qui t’a amené à prendre ce sacré virage ?

La même année, j’ai perdu ma maman et j’ai divorcé.

Ces deux événements m’ont profondément bousculée et m’ont amenée à me questionner sur la personne que j’étais et ce que je voulais. C’est à ce moment là que j’ai découvert l’univers du développement personnel et de la psychologie positive.

Ayurvéda, méditation, yoga, thérapies, énergétique, alimentation, … j’ai testé de multiples méthodes qui m’ont été d’une grande aide pour me reconstruire.

En fait, durant cette période difficile, je me suis rendue compte à quel point je m’étais coupée de moi-même.

Laetitia Blondel

Comme une pomme, à l’extérieur, tout allait bien : j’avais une belle situation, un mari, des enfants… J’avais toujours été une petite fille qui obéissait, travaillait, réussissait, sans faire de vagues…

Mais à l’intérieur, la pomme était vide. Je ne savais pas qui j’étais et n’avais aucune idée de ce dont j’avais réellement besoin.   

Et l’écologie dans tout ça ?

Laetitia Blondel qui pose à côté d'une statue en bronze

J’ai toujours eu une sensibilité écologique.

Mes parents privilégiaient la qualité des choses, le local et l’artisanal. Ça a marqué mon enfance. Ma grand-mère avait aussi un mode de vie très minimaliste ; elle s’intéressait au bio, à la diététique. Elle cultivait son potager, faisait pleins de choses de ses mains, des remèdes pour améliorer sa santé… Elle m’a laissé un immense héritage culturel !

En 3e, lorsqu’il a fallu choisir une orientation, on m’a offert un livre sur les métiers de l’environnement. J’avais très envie de faire un métier qui me relierait à l’écologie, j’ai choisi le domaine du traitement de l’eau.

Je me suis un peu perdue ensuite, dans ma première vie d’adulte. D’ailleurs, quand le film Demain est sorti, ça a fait l’effet d’un électrochoc : j’ai réalisé qu’on était chacun, à notre niveau, acteur du changement ; mon mode de vie a alors beaucoup changé.

Au travers d’un MOOC, j’ai découvert la permaculture humaine. C’est un véritable guide de bon sens pour mener sa vie en symbiose avec la nature.

L’envie de changer de mode de vie tout en améliorant mon bien-être, ma santé et celle de mon entourage a commencé à germer dans ma tête…

C’étaient les prémices de Vers un Coin de Paradis ?

Un peu, oui !

Je suis partie vivre 2 ans en Australie et cette expérience m’a donné le goût et la volonté d’entreprendre. J’avais envie de donner du sens à ma vie professionnelle tout en l’alignant avec mes convictions personnelles.

De retour en France, je me suis faite accompagnée et ainsi est né Vers un Coin de Paradis.

J’ai à cœur d’aider les femmes à changer efficacement leur mode de vie afin qu’il devienne une source de bien-être et d’épanouissement tout en étant plus respectueux de l’environnement.

L’objectif n’est vraiment pas d’ajouter une charge mentale supplémentaire dans un quotidien déjà bien chargé mais au contraire de le simplifier. C’est comme ça qu’on réussit à allier bien-être et écologie.

Tu es passionnée par les questions de santé et d’alimentation. Pourquoi n’avoir pas orienté ton projet entrepreneurial dans ce sens-là ?

Pour moi, la clef d’une vie réussie passe par le bien-être. Or, il ne se résume pas à des questions de santé ou d’alimentation.

Améliorer son bien-être demande de prendre soin de soi dans sa globalité :

  • L’individu que nous sommes, tout d’abord : dans notre corps mais aussi en tant que personne qui a des émotions, des désirs, des aspirations, des valeurs, … d’où l’importance d’apprendre à se connaître et de se maintenir en bonne santé.
  • Des autres, ensuite : si tu es bien dans tes pompes et dans ton corps, cela a forcément des effets positifs dans ton rapport aux autres. Et inversement.
  • De notre logement, cet espace vital qui nous héberge et nous protège. Par exemple, le Feng-shui est une pratique qui aide à se sentir bien chez soi tout en privilégiant des matériaux durables.
  • De notre environnement, immédiat ou plus lointain. Il s’agit ici d’améliorer son rapport à la nature dont nous faisons tous partie ! Il n’y a pas la nature d’un côté, les hommes de l’autre. Nous faisons partie d’un même ensemble : le Vivant.

Et en fait, quand on pense à tout cela, cela nous amène à l’écologaï.

On y vient ! Peux-tu nous expliquer ce qu’est l’ecologaï ?

L’ecologaï est un concept inspiré de l’ikigaï, une technique japonaise qui permet de définir ta « mission de vie ». Il est la contraction de :

  • Ecolo: “qui prend en compte le respect de l’environnement et le développement durable”
  • « Kaï » en japonais, qui signifie « effet, résultat, réalisation »

L’ecologaï est donc une philosophie de vie qui nous guide vers un meilleur équilibre personnel, social et environnemental.

Cette notion de « philosophie de vie » ne fait-elle pas un peu peur ?

Au contraire !

On cherche toutes à revenir à davantage de simplicité et de légèreté ; l’écologaï nous aide en cela. Elle s’appuie en plus sur des valeurs fortes et des principes de la permaculture : liberté, sens, authenticité, respect, bienveillance, …

On aspire toutes à cela, non ?

Et il y a quelque chose de très vertueux de se dire que finalement, on met les principes de l’écologie au service des différents domaines de notre vie !

Concrètement, comment se traduit l’écologaï ? Sur quoi travaille t-on ?

Sur les 4 domaines que j’évoquais précédemment :

  • TOI: développement personnel, connaissance de soi, santé, alimentation, cosmétique, vestimentaire, …
  • LES AUTRES: nos relations sociales et familiales, notre équilibre professionnel et personnel, notre faculté à donner du sens aux autres, à transmettre un héritage positif, …
  • NOTRE LOGEMENT: l’objectif étant d’avoir un logement dans lequel on se sente bien et qui soit le plus écologique possible : économie d’eau, d’énergie ; ameublement ; objets accumulés ; énergie qui circule ; pollution de l’air ; pollution énergétique (ondes), entretien, …
Ecologai; l'écologie comme philosophie de vie
  • NOTRE PLANETE: comment on fait pour diminuer notre empreinte (via les ecogestes, par exemple), notre lien à la nature qui est véritablement source de bien-être physiologique, …

Ces 4 domaines sont interconnectés, le centre représentant un mode de vie totalement aligné.

Que viennent chercher tes clientes au travers de ton accompagnement écologaï ?

Principalement du soutien et des solutions adaptées à leur mode de vie.

Aujourd’hui, elles sont submergées par la masse d’information disponible. Or, ce qui s’applique à une personne n’est pas forcément adapté à une autre. Et face à la charge mentale, voire morale, qu’elles supportent au quotidien, elles se sentent vite dépassées, voire découragées.

Grâce à l’ecologaï, on prend le temps de creuser chaque bulle à travers 4 phases : introspection, observation, clarification, action.

Mon objectif est vraiment de respecter le rythme de chacune, de prendre en compte leurs contraintes et leurs envies. La prise de conscience est souvent progressive, et au fil de l’eau, je leur apporte les outils qui leur faut.

Quels sont les blocages les plus fréquents que tu aides à soulever grâce à l’écologaï ?

Je travaille beaucoup sur les injonctions, les croyances, les idées reçues qui sont de réels freins à une vie plus heureuse et écologique.

C’est fou la quantité de contraintes qu’on s’inflige alors même qu’on cherche à faire mieux, à vivre mieux !

Par exemple, j’ai accompagné une femme qui souhaitait adopter une alimentation plus respectueuse de l’environnement. A vouloir trop bien faire (vrac, bio, local, 0 plastique, vegane …), son alimentation s’est drastiquement réduite et elle a perdu tout plaisir de manger et de cuisiner.

Un autre blocage : la peur de tout sacrifier, de perdre en confort. Dans ce cas, je vais aider à soulever des incertitudes, rassurer au travers de solutions progressives…

Il s’agit d’accompagner en douceur cette envie de changement, de donner une impulsion nouvelle et du soutien pour dépasser un cap.

Le mot ‘simplifier’ revient souvent dans tes propos sur l’écologaï ; pourquoi ?

Fleur symbole de légèreté

En effet, il est au cœur de mon accompagnement ! On a trop tendance à vouloir complexifier les choses, à ajouter des couches et des couches plutôt que de revenir à l’essentiel.

L’écologie est une vraie incitation à la simplicité et à la légèreté ; j’en ai d’ailleurs fait mon credo : simple, bon, durable.

Lors de mes accompagnements, quand je sens la pression et le stress monter, je dis : ‘PAUSE !’

On arrête de culpabiliser sur ce qu’on fait et qu’on ne fait pas. Plutôt que de rester paralysée par la peur ou de s’éparpiller dans tous les sens, il s’agit de passer à l’action petit pas par petit pas.

Agir ne veut pas dire tout transformer du jour au lendemain ; ce ne serait pas viable ! Il faut que le      changement reste accessible et acceptable pour soi. C’est ainsi qu’on prend confiance – et plaisir ! Et là, on a la réelle impression de reprendre pouvoir sur sa vie : on ressent une sensation de libération et d’allègement incroyable !

Quels sont les 3 conseils que tu as envie de donner aux lectrices pour aller vers plus d’écologaï ?

 1. Ne pas s’oublier.

Prendre du temps rien que pour soi pour prendre soin de soi, se connaître, se faire de la place.

 2. Être bienveillante avec soi-même.

La perfection n’existe pas. Parfois, il faut revenir en arrière par nécessité ou par contrainte, et ce n’est pas grave.

 3. Accepter que les autres n’avancent pas sur le même chemin que nous, ou au même rythme.

Pour rester alignée avec soi-même tout en maintenant des relations harmonieuses avec son entourage, il faut pouvoir exprimer ses besoins sans colère ni frustration.

Quels sont les supports (livres, magazines, films, …) qui t’ont inspirés ?

Il y en a plein ! Ceux qui me viennent à l’esprit :

  • Les 4 accords Toltèques
  • 0 déchet, de Bea Johnson
  • Les magazines Open Mind et Kaizen
  • Les livres de Dominique Loreau
  • Le film-documentaire Demain

Vive l’écologaï ! Ce qu’il faut retenir de l’interview de Laëtitia…

 1. L’art (et le plaisir) de simplifier !

Plutôt que de voir l’écologie comme une chose « en plus » dans un quotidien déjà bien chargé, l’écologie nous invite plutôt à faire différemment en simplifiant.

2. A chacune sa transition écologique !

Il s’agit d’agir là où ça fait sens et envie en respectant son rythme et ses contraintes.

3. Agir ne veut pas dire tout transformer du jour au lendemain !

Il faut y aller étape par étape. C’est ainsi qu’on allie épanouissement personnel et impact écologique.

Où retrouver Laëtitia ?

Laetitia Blondel

Merci Laëtitia !