Consommer moins et mieux : de quoi ai-je vraiment besoin ?
Consommer moins et mieux… Ou comment lutter contre le syndrome du ‘Mais-j’en-ai-AB-SO-LU-MENT besoin !!’
On est d’accord, c’est loin d’être évident. Chaque jour, ta boîte mail est bombardée de messages promotionnels. On enchaîne les périodes de soldes avec les Black Friday, Blue Monday, Saint Valentin, et tout autre événement susceptible de chatouiller notre carte bancaire.
Après tout, il y a une certaine logique à vouloir acheter quand c’est moins cher : on fait une bonne affaire ! La décision se veut donc rationnelle. Or, ce qui est rationnel n’est pas forcément raisonnable… Surtout si tu as dépensé plus que prévu, ou acheté tout un tas de choses qui vont finir au fond d’un placard, dans un carton à la cave ou pire, au garde meuble !
3 bonnes raisons de consommer moins et mieux
Consommer mieux, dépenser moins !
Et oui, résister aux achats impulsifs c’est bon pour réduire les dépenses et économiser des pépètes.
Quand je bossais à la banque, j’allais souvent me chercher une salade ou un sushi que je mangeais DMB (Devant Mon Bureau). 10 euros par-ci, 10 euros par-là, tout ça pour éviter de bouger mes fesses jusqu’à la cantine. Je ne compte plus les paires de chaussures qui trainaient chez moi (ou dans le placard au bureau), les innombrables boucles d’oreilles, les étoles, les babioles décoratives (merci IK*A)…
Consommer moins, une éco-responsabilité
On a tendance à oublier que pour consommer, il faut produire. Et que pour produire, il faut extraire des tonnes de ressources naturelles – notamment pour construire toutes les machines et infrastructures modernes qui permettent notre mode de vie actuel. Non seulement ces ressources ne sont pas illimitées, mais leur extraction génère des pollutions en tout genre.
Par ailleurs, dans un marché globalisé, la recherche de coûts de production très compétitifs implique la délocalisation de nombreuses industries. D’où une empreinte carbone finale très élevée. Sans oublier les conditions de travail dans de nombreux pays où le coût de la main d’œuvre est dérisoire…
Enfin, à force de renouveler sans cesse nos équipements, ça fait plaisir à qui (à part les actionnaires des grosses entreprises) : à la déchèterie !
Sympa, la vue… 🤨
Surconsommation : l’impact psychologique
« On nous inflige des désirs qui nous affligent », comme le chante si bien Alain Souchon.
En effet, un besoin en chassant un autre, nous ne sommes finalement jamais contents ! A peine le shoot de dopamine amorti suite à notre achat que surgit le manque : il nous faut ‘autre chose’ ! Le sentiment de bien-être n’est jamais durable…
Questionner avant de consommer
Besoins vs Envies
Le problème, c’est qu’on ne sait plus faire la différence entre un besoin et une envie.
Pour rappel, le besoin relève de ce qui est nécessaire (voire vital) à l’équilibre physiologique, physique, psychologique et mental de notre être (cf. Maslow/Salomé).
Quant à l’envie, elle naît du désir de faire ou d’avoir quelque chose, ou que quelque chose arrive. L’insatisfaction du désir ne nous met pas en danger, mais dans un état de frustration.
Quand on a besoin de quelque chose (ou que cela nous fait envie), il s’agit d’abord de comprendre quel est le besoin émotionnel sous-jacent.
Pour y voir plus clair, j’aime bien prendre l’image d’un iceberg.
La partie émergée représente un besoin exprimé. Le plus souvent, ce besoin est d’ailleurs une envie.
Dans mon cas, je devrais bientôt emménager chez moi, après 2 ans de travaux. J’ai donc besoin de meubler : fauteuils, table basses, canapé…
L’idée est donc de creuser ce besoin et de me demander :
- Quel est le besoin émotionnel sous-jacent ?
- À quel besoin profond cela renvoie-t-il ?
Me concernant, mon besoin REEL est de pouvoir occuper les lieux, c’est-à-dire manger à table, recevoir des amis et les assoir dans un canapé dans un espace confortable et convivial…
Mon besoin PROFOND : Recréer un cocon pour ma famille et moi dans cette nouvelle ville où nous avons élu domicile. M’ancrer.
En l’occurrence, ce besoin est tout à fait légitime. Mais le fait de mettre le doigt sur le besoin sous-jacent permet de ne pas céder immédiatement aux sirènes de marketing. J’accepte plus facilement de prendre le temps pour aménager mon nouveau chez moi. Je vais ainsi pouvoir trouver des alternatives à un ameublement rapide mais 100% neufs, industriels et délocalisés. Chiner, réparer, peindre… toutes ces activités ont un autre avantage : nourrir ma créativité !
👉 Quels sont finalement les besoins les plus importants pour toi ? Est-ce que ça vaut le coup de les réaliser ou de les mettre de côté ? Il y a-t-il autre chose qui pourrait combler plusieurs besoins d’un seul coup ?
“La probabilité qu’un achat, qu’un objet, comble un besoin psychologique est proche du néant.” Marie Duboin, co-créatrice de la méthode BISOU
Être consciente de ce qui se joue en toi est donc essentiel pour ne pas tomber dans des mécanismes compensatoires – ces actions (shopping, Netflix, médias sociaux, sorties, voyages…) qui te donnent la fausse impression de remettre de l’équilibre en venant combler un manque de manière très provisoire.
🌿A lire : Comment (re)trouver son équilibre
Concilier consommation et valeurs
Evidemment, l’objectif n’est pas de se couper de toute source de plaisir ! Mais plutôt, de consommer autrement.
Qu’est-ce qui est important pour toi ? Qu’est-ce qui te nourrit, te procure joie et énergie ?
Finalement, ce qu’on recherche toutes c’est d’atteindre une forme de bien-être durable. Pour y arriver, rien de mieux que de se connecter à nos valeurs intrinsèques – pas celles guidées par un besoin de reconnaissance sociale. Les nôtres.
Voyager est l’une de mes valeurs profondes. En revanche, j’ai pris conscience que je ne pouvais plus le faire comme avant : à coup d’avion ! Aujourd’hui, j’explore donc de nouvelles alternatives de voyage. Et en faisant cela, je m’approche de ce qui m’attire dans les voyages : être curieuse, changer de perspectives, sortir des sentiers battus. Pas mal, non ?!
Consommer en conscience
Je suis encore à des années-lumière d’une consommation 100% responsable. Je l’accepte et j’ai même décidé d’arrêter de me fouetter pour cela.
En revanche, pour l’essentiel de mes achats, j’essaie vraiment de consommer en conscience.
Kesako ?
Plutôt que de fonctionner par automatisme, je prends le temps de me demander quel est l’impact de de mes achats.
La méthode BISOU pour consommer moins et mieux
Marie Duboin et Herveline Giraudeau sont à l’origine de cette méthode au mémo technique bien pratique.
Alors, la méthode BISOU, ça veut dire quoi ?
B – BESOIN
Il s’agit ici de te creuser le point précédent et de te demander : Pourquoi cet achat ? Quel est le besoin émotionnel sous-jacent ?
I – IMMEDIAT
En ai-je besoin absolument tout de suite ?
Pour éviter de céder à l’envie compulsive, attends quelques heures, voire un ou plusieurs jours… Tu verras, souvent ça marche : l’envie fait pschiiit !
S – SEMBLABLE
Ai-je déjà quelque chose de similaire qui pourrait faire office ?
O – ORIGINE
D’où vient ce que j’achète ? Comment a-t-il été produit ? Quelles sont les alternatives ?
Cette étape n’est pas la plus évidente car elle nécessite de se renseigner sur la manière dont nous produisons ce que nous consommons – et ça prend du temps.
Un exemple : Julia Faure a co-fondé Loom, une marque de vêtements qui milite pour une réduction drastique de notre consommation de fringues. Dans ses prises de paroles, elle explique les dégâts provoqués par l’industrie textile sur l’environnement et ce qu’il faut faire pour y remédier : produire moins. Paradoxal pour une marque de mode ?! Tous leurs produits sont donc conçus pour durer le plus longtemps possible.
U – UTILE
Franchement, est-ce UTILE ? Et encore plus franchement, vais-je vraiment l’UTILISER ?
Nos placards sont encombrés de choses dont nous nous servons, finalement, très peu. J’aime bien prendre l’exemple de l’appareil à raclettes. Si, comme moi, tu la sors une ou deux fois par an, il y a de quoi se demander si ça vaut vraiment le coup de posséder son propre appareil… L’alternative serait de l’emprunter la fois où l’on en a besoin 😉
Quelques bonnes habitudes à prendre pour éviter de surconsommer.
Pour consommer moins et mieux, tu peux déjà réduire toutes les incitations aux achats compulsifs. Voici quelques pistes :
- Se désinscrire des newsletters commerciales qui te matraquent de mails promotionnels à gogo.
- Se désabonner des comptes sociaux qui font de la promo en permanence – ou qui promeuvent un mode de vie en décalage avec tes valeurs.
- Attention aux cartes de fidélité. Qui dit carte, dit mail ou numéro de téléphone… et donc incitation à l’achat !
- Coller un ‘Stop Pub’ sur ta boîte aux lettres
- Refuser les goodies – tous ses petits cadeaux gratuits, surtout si tu n’en as pas besoin. Car, ce qui est gratuit a forcément un coût caché… y compris environnemental !
Ca parait tout bête mais en fait, ces actions permettent à ton cerveau d’être moins stimulé par le FOMO, cette peur de manquer. Et donc de consommer moins et mieux !
J’sors de la matrice… pour consommer autrement !
Ce podcast s’appelle J’sors de la matrice ! Et comme dans le film, je me suis mise dans la peau de Morpheus, quand il demande à Neo de choisir entre la pilule rouge et la bleue…
La pilule bleue
Notre modèle socio-économique est basé sur la croissance éternelle. Or, qui dit croissance, dit surconsommation !
La pilule bleue représente donc pour moi la croyance que notre mode de vie actuel est compatible avec les limites planétaires. Pour nourrir ce système, il faut donc créer en permanence de nouveaux besoins qui sont purement artificiels.
Et pour les vendre, entretenir l’illusion que consommer nous rend heureux.
La pilule rouge
Vivre pour consommer ? No way ! Notre vocation ne se résume pas à un rôle de consommateur.
Choisissons plutôt de consommer ce qui nourrit notre bien-être profond, ce qui nous fait grandir !
Et souvenons-nous : consommer, c’est aussi voter pour le type de monde que nous souhaitons voir advenir. Et oui, ta carte bancaire, c’est (presque) comme un bulletin de vote ! 😉